Accompagner les personnes en fin de vie

Devenir soignant, c’est aussi se préparer à accompagner les patients vers leur fin de vie. Comment bien communiquer et soutenir émotionnellement les familles ? Quelles questions éthiques sont en jeu ? Comment se forme-t-on aux soins palliatifs ? Claude Mauchamp, infirmière et cadre formatrice à Lorient, livre ses conseils pour t’aider à trouver l’équilibre entre pratique et émotions.

Conseil n° 1
Prépare-toi et apprends à gérer tes émotions

Il s’agit de la première recommandation de Claude : « Développe tes connaissances sur la fin de vie ! » Elle-même n’a pas hésité à suivre un DU en soins palliatifs. « Depuis, la notion qu’a pour moi le “prendre soin” a évolué. Chacun des soins prodigués se fait dans un souci d’individualité. J’avais conscience de cela auparavant, mais la formation a vraiment fait ressortir son caractère indispensable. » D’ailleurs, gérer ses émotions devient plus facile lorsque l’on se sent à l’aise dans un domaine. C’est pourquoi, se former tout au long de son parcours est important.

Pour cela, plusieurs cursus diplômants existent tels que :

• 👉 les diplômes universitaire ou inter-universitaire de soins palliatifs (DU SP ou DIU SP)

• 👉 le master 2 santé : “Médecine palliative : clinique, soins, pédagogie, management” (aux universités Paris-Est-Créteil, Tours, Rennes 1 et Franche Comté)

Tu peux aussi suivre des formations en ligne, telle que celle proposée par Cergy Paris Université : « Se former aux soins palliatifs ».

Conseil n° 2
Adopte une posture professionnelle juste et recherche l’échange avec tes pairs

Claude recommande aussi de faire le point en équipe sur la situation du patient pour prendre du recul sur les situations les plus complexes.

« En tant que professionnel, il est très important de réfléchir à ses intentions, savoir pourquoi nous faisons tel soin et en trouver le sens. Par expérience, je dirais qu’il ne faut pas hésiter à questionner les médecins sur leurs intentions derrière leurs prescriptions. Les étudiants infirmiers bénéficient de 30 heures de formation dédiée aux soins palliatifs : c’est une réflexion à porter ensemble avec une approche centrée sur la personne soignée. »

Ainsi, ton réseau professionnel est une ressource ! Échange avec tes collègues, ton tuteur de stage, tes formateurs… Prends contact avec les unités mobiles de soins palliatifs ou les associations départementales spécialisées, par exemple.

Conseil n° 3
Communique avec le patient et les familles

La notion d’écoute est primordiale. Fais preuve d’empathie, recueille les questionnements et adapte-toi. En te confrontant aux différentes façons qu’ont les personnes de vivre la fin de vie, tu affineras ton accompagnement. « Je me souviens d’un patient atteint d’un cancer en phase terminale, accompagné dans notre service. Ce qui m’a marquée, c’était son ambivalence : il exprimait parfois, à sa manière, qu’il ne verrait pas l’été prochain. À d’autres moments, il envisageait d’aller à la mer et s’y baigner », raconte Claude avant d’insister sur la nécessité de personnalisation du soin : « Notre rôle c’était de nous adapter au patient et à son discours, en fonction du moment. Accepter d’aller à son rythme où la mort et l’espoir de continuer à vivre s’entremêlent. »

La même démarche est attendue auprès des familles  : apprendre qu’un proche va mourir peut provoquer des réactions remplies de colère, de tristesse et/ou d’incompréhension. Te montrer disponible pour eux leur apporte un ancrage et un soutien dont ils pourront avoir besoin.

Marie Vafopoulos