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Philippe Perrin : et si tu devenais éco-infirmier ?

Pratique professionnelle

S’il n’est pas officiellement reconnu, le titre d’éco-infirmier est pourtant plébiscité par de plus en plus de soignants, désireux d’intégrer la dimension environnementale à leur pratique professionnelle. Rencontre avec l’éco-infirmier Philippe Perrin, qui propose depuis dix ans une formation dédiée.

Qu'est-ce qu'un éco-infirmier ?

Philippe Perrin : C’est un infirmier qui articule sa pratique du soin avec le thème de la santé environnementale. Cela veut dire que, dans le cadre de son métier ou en parallèle, il sensibilise la population aux sources de pollution, à leurs risques sur la santé et aux moyens de réduire son exposition.

Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?

Philippe Perrin : Les premières études montrant un lien entre bronchiolite et pollution de l’air ont été publiées quand j’étais étudiant, au début des années 1990. Je me suis dit qu’on pourrait sensibiliser les gens à l’intérêt de préserver l’environnement en parlant de leur santé et celle de leurs enfants. Alors j’ai commencé à compiler des données sur le sujet, et ainsi à poser les bases de ce que j’allais faire quelques années plus tard. Aujourd’hui, je dirige l’Institut de formation en santé environnementale (IFSEN) et je forme des professionnels – pas seulement soignants – sur la manière dont l’environnement, du plus local au plus distant, agit sur notre santé.

Comment peut-on devenir éco-infirmier à l’hôpital ?

Philippe Perrin : Il n’existe pas encore de poste officiel. Mais on peut devenir un référent en matière de santé environnementale au sein d’une équipe. Tu interviens alors auprès des patients qui se posent des questions sur l’origine de leur maladie ou souhaitent préserver la santé de leurs jeunes enfants, ou même des collègues qui veulent mettre leur pratique en cohérence avec leurs valeurs… D’autres créent leur propre structure pour mener, en plus de leur emploi à l’hôpital, une activité de sensibilisation, de conseil ou de formation sur ce sujet pour les différents publics : entreprises, mutuelles, collectivités, associations…

C’est possible d’être éco-infirmier en libéral ?

Philippe Perrin : Là encore, tu peux choisir de consacrer du temps à la prévention et la sensibilisation, parallèlement aux soins. C’est un bon moyen de diversifier ton métier au-delà du curatif. Et puis en tant que libéral, tu interviens directement au domicile du patient. Tu es donc bien placé pour observer ce qui peut contribuer à sa pathologie ou être amélioré dans son environnement, afin d’y limiter l’exposition à la pollution. Florence Nightingale, la pionnière des soins infirmiers modernes, disait déjà en son temps qu’un air pur, une eau pure, des égouts efficaces, de la propreté et de la lumière étaient les bases d’une maison saine !

Vous intervenez régulièrement dans les IFSI. Quels conseils y donnez-vous aux étudiants ?

Philippe Perrin : Épanouissez-vous ! Vous vous orientez vers un métier extraordinaire dans lequel on apprend énormément sur la vie, sur soi, sur les autres. On peut l’exercer de 1 001 manières et dans de nombreux secteurs. Se former à la santé environnementale est un bon moyen de le diversifier. Mais je conseille aussi de s’investir dans le monde associatif, qui a besoin de soignants qui s’intéressent à ces thématiques et contribuent à diffuser un message de prévention.

 

Marie Houssiaux

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